mercredi 31 décembre 2014

Cabinet de Curiosités

Auteur: Guillermo Del Toro
Maison d'édition française: Huginn & Muninn
Date de publication: 2013
Nombre de pages: 263


Une visite guidée dans l'univers du réalisateur de Hellboy, Le Labyrinthe de Pan et Pacific Rim...

Guillermo Del Toro est un réalisateur mexicain né en 1964. On lui doit de nombreux films très différents et un impact inquantifiable sur la pop culture de ces quinze dernière années...

Le géant dans son antre
Guillermo Del Toro est une icône geek, voilà, c'est dit!! Etant lui même un grand amateur de culture pop, il n'a eu de cesse de s'approprier des univers fameux, de Blade à Hellboy et de créer de nouvelles figures de l'imaginaire. Il a su créer un style et univers reconnaissables entre mille. Alors quand ce dernier décide de nous en ouvrir les portes, de nous livrer tout ce qui fait son identité, on accepte fort volontiers l'invitation! Divisé en plusieurs parties, ce livre est don un atlas de l'esprit de Del Toro. Il s'ouvre sur un avant-propos de James Cameron qui nous explique à quel point Guillermo est un grand enfant génial, on enchaîne avec une longue introduction qui nous dresse une biographie de bonhomme. On apprend pas mal de choses, notamment le fait qu'il a commencé dans les effets spéciaux avec Necropia, sa propre boîte.

Le premier long-métrage méconnu de Del Toro
Ensuite, on se focalise sur sa deuxième maison, Bleak House. Il s'agit du cabinet de curiosités qui donne son nom au livre. Située à Los Angeles, elle est un véritable musée comportant plus de 600 œuvres d'art et d'innombrables ouvrages rares et comics vintage. On y trouve de tout: accessoires des films du proprio, statues hyperéalistes (Lovecraft, la Créature de Frankenstein...), dessins originaux de Mike Mignola (créateur de Hellboy), affiches originales, tableaux... Tout ici semble avoir été rassemblé dans un but précis, créer un refuge dédié à toutes les passions et les obsessions du réalisateur mexicain. Le lieu lui même paraît singulier (il y a une pièce où l'on peut simuler un orage avec les vitres pleines d'eau et les bruits qui vont avec...) Il y a tant de choses que ça en devient parfois étouffant mais on est constamment émerveillé à chaque page tournée. Del Toro en profite pour parler des artistes qui l'ont influencé (Poe, Ambrose Bierce, les symbolistes...)On la visite pièce par pièce et on est impressionné par l'organisation et la passion qui se cache derrière chaque objet.

Le hall d'entrée de Bleak House
Ensuite, nous entrons dans le gros du livre, les carnets. Il faut savoir que depuis des années, Guillermo a commencé à collectionner de grands carnets en cuir, qui sont autant outils de création qui d'oeuvres d'art en soi. Il dessin, noircit les pages de ses pensés, documentant ainsi son processus créatif presque au jour le jour. L'objectif est de les léguer à ses filles pour qu'elles sachent quel homme il était (qui a dit romantique). On y voit donc des pleines pages de photos reproduisant ces carnets, sur lesquels s'ébauchent ses film passés, présents et à venir (oui, parce que c'est loin d'être fini). Le tout entrecoupé par des pages d'entretiens que Del Toro a donné à une journaliste et qui permettent donner un fil rouge à cette déambulation intellectuelle. On a donc un commentaire détaillé de la création de ses films de Cronos à Pacific Rim. Le tout est entrecoupé de petits textes écrits par des amis (Cornelia Funke, Neil Gaiman, Ron Pearlman...).

Une double page d'un des carnets, consacrée à Hellboy 2

Enfin, on a droit un aperçu de ses nombreux projets inaboutis, avec, entre autres, une adaptation des Montagnes Hallucinées (qui serait en voie de concrétisation) sa version du Comte de Montecristo (intitulée La Main Gauche de la Nuit), j'en passe et des meilleurs...Et on finit en beauté avec une postface de Tom Cruise (ouais, carrément).
Sur le tournage de Pacific Rim

 Bon, après avoir lu tout ça vous vous doutez bien que le support est à la hauteur du contenu. Grand format, papier d'excellente qualité (quel bonheur de feuilleter cet ouvrage!!), un nombre HALLUCINANT d'illustrations, toujours en lien avec le texte. On peut clairement louer les éditions Huginn & Muninn pour le travail accompli sur ce livre hors norme. La traduction est de haute volée même si il y a deux trois coquilles par ci par là... Le prix du livre est relativement élevé (50€) mais comme dit précédemment, si vous êtes fan de Guillermo Del Toro, vous ne pouvez pas refuser un petit séjour dans son esprit foisonnant... un must have tout simplement.

dimanche 14 décembre 2014

World War Z



Auteur: Max Brooks
Maison d'édition française: Calmann-Lévy
Date de publication: 2006 aux USA, 2009 en France
Nombre de pages: 430


Un journaliste est engagé par l'ONU pour recueillir les témoignages de survivants d'un conflit mondial dû à une épidémie. Cette dernière ''réanime'' les morts et en fait créatures pourrissantes et assoiffées de sang...

Max Brooks est, comme son nom l'indique, le fils de Mel Brooks (La Folle Histoire de l'Espace, Frankenstein Jr...). Né en 1972, il est surtout connu pour avoir participé à l'écriture du célèbre late show Saturday Night Live ainsi que pour avoir doublé des personnages dans des séries d'animation (Batman, Justice League). Mais en 2005, les choses changent. Il publie un premier livre en lien avec les zombies, le bien nommé Guide de survie en territoire Zombie. L'année suivante le voit continuer dans la même veine avec l'ouvrage qui nous intéresse: World War Z, qui sera adapté au cinéma en 2013.



Alors, qu'est ce qui différencie World War Z du reste de la production littéraire et culturelle tournant autour de nos amis les morts-vivants? Tout d'abord, sa narration. Le fait de fonctionner comme un recueil d'interview se déroulant après les faits est assez nouveau. Le procédé épistolaire ayant connu son âge d'or au XIXème, il est intéressant de le voir associé à un contexte assez moderne. On suit donc le journaliste à travers le monde, à la rencontre de personnages divers et variés. Responsables politiques, militaires, scientifiques, gens du commun...toute sorte de personnages évoluent dans ces pages. Bien que la majorité soient américains, on voit quand même du pays (Inde, Corée, Canada, France...). Tous ont en commun d'avoir participé au plus grand conflit de l'Histoire humaine, la guerre des zombies. Il n'y a donc pas de héros mais un fil rouge (le journaliste, sur lequel on ne sait pas grand chose) et des personnages lui contant leur histoire. Le fait d'avoir affaire à des témoignages rend l'intrigue extrêmement concrète, les points de vue multiple permettant de donner une sensation de densité étonnante. 


On a clairement affaire à une œuvre qui fourmille de détails et dont le statut oral (inspiré par La Bonne Guerre de Studs Terkel, ouvrage culte Outre-Atlantique) permet d'instaurer un réalisme ahurissant. Brooks a pensé basiquement à a peu près tout. Les détails sont légion, il y a même un petit vocabulaire lié au conflit qui le rend diablement vivant. L'auteur arrive à parfaitement gérer les échelles qui vont de l'individuel au plus épique en étant toujours centré sur l'humain. L'humain qui est, plus encore que les zombies, le cœur du propos. On y voit le pire et meilleur, le plus net et le plus ambigu au sujet des personnages. On parle quand même d'une guerre mondiale avec des zombies, personne ne l'avait jamais fait ça (même Romero, bien que crédité comme source d'inspiration, évidemment) !! On a même un aspect post-apocalyptique puisque le le narrateur évolue dans un monde qui a surmonté la crise, en en sortant complètement changé (la Chine est devenue une démocratie, Cuba est la première puissance mondiale...). Tout sonne vrai, chaque mot, chaque situation, des premiers symptômes de l'épidémie jusqu'à la reconquête progressive du monde en passant par les mouvements de panique. Tout semble être fait pour qu'on y croit, qu'on s'immerge dans le récit sans aucune retenue, tantôt terrifié, tantôt amusé ou révolté...Il y a tant à dire sur chaque chapitre, on pourrait réaliser un film par segment de ce livre!!

Une vue d'artiste d'une bataille décrite dans le livre
En parlant de film...vous aurez sûrement remarqué que je n'ai pas parlé de l'adaptation cinématographique. Plusieurs raisons à ça (c'est un blog sur la littérature, pas le cinéma, pas de temps avec ces conneries...) mais sachez simplement que Brooks a totalement renié le métrage considérant que celui-ci n'avait de commun avec son livre que le titre... Allez, comme je suis de bonne humeur et qu'une image est mieux qu'un long discours:


Le livre a clairement un aspect viscéral et anxiogène très fort qui peut s'expliquer par le contexte dans lequel il a été écrit, très difficile d'après l'auteur (maladie, problèmes familiaux). On le sent clairement et certains passages sont assez durs, pas seulement en termes de gore mais aussi à un niveau plus intime. En effet, les instantanés qu'il nous livre sont assez forts et nous touchent parfois de manière inattendue. A ne pas mettre entre toutes les mains, donc. Mais tout cela est au service d'un sous-propos intéressant, critique des gouvernements et de notre société actuelle, de l'absurdité du monde que nous avons fait nôtre...Et ça fait mouche à de nombreuses reprises.
L'autre ouvrage de Brooks sur le même thème, chaudement recommandé
En conclusion, il s'agit clairement d'une des œuvres les plus inventives du revival zombie que l'on vit (huk huk) depuis une grosse dizaine d'années. Elle mérite clairement son statut culte de par son intelligence et sa capacité à transcender les codes d'un genre très balisé. Un petit chef-d'oeuvre apocalyptique et humain.

mercredi 3 décembre 2014

Bloodsilver

Auteurs: Wayne Barlow a.k.a Xavier Mauméjean et Johan Héliot
Maison d'édition française: Mnémos
Date de publication:2006
Nombre de pages: 339

Une histoire alternative des Etats-Unis qui voient immigrer sur leur sol des créatures de la nuit tout droit sorties des cauchemars de la Vieille Europe...



Bloodsilver est un livre particulier pour de multiples raisons. La première étant sans doute que le nom de l'auteur mis en avant sur la couverture (par ailleurs très belle) n'est qu'un nom de plume pour deux célèbres auteurs ''de genre'' français: Xavier Mauméjean et Johan Héliot. Tous deux ont touché à de nombreux genres et se sont taillés une belle réputation sur la scène de la littérature d'imaginaire.

Johan Héliot
Xavier Mauméjean
















Le deuxième point qui fait de leur ouvrage commun un ouvrage peu commun (huk huk) c'est précisément le genre auquel il appartient: l'uchronie. Mais quel est donc ce mot barbare? Signifiant littéralement temps qui n'existe pas, l'uchronie est une sorte d'exercice à la fois stylistique et intellectuel qui prend l'Histoire telle qu'on la connaît et la modifie, les conséquences de ces modifications étant le cœur du récit, une sorte de ''et si?'' littéraire en somme. Un exemple d'uchronie que vous avez du voir souvent, et si les nazis avaient gagné la Seconde Guerre mondiale? Cette hypothèse a donné naissance à de très bons romans (Le Maître du Haut-Chateau de l'innénarable Philip K. Dick et Fatherland de Robert Harris) mais saviez-vous que Autant en emporte le vent était aussi une uchronie, dans laquelle les Confédérés ont remporté la Guerre de Sécession. On peut considérer que la première œuvre uchronique est un essai basé sur ce même postulat de départ, écrit par un certain... Winston Churchill (qui savait comment passer le temps) et sobrement intitulé Si Lee avait gagné la bataille de Gettysburg, publié en 1931. L'uchronie fait donc partie intégrante de notre culture populaire qu'il s'agisse de livres, films, comics ou jeux vidéos on en trouve partout et à toutes les sauces, il faut dire que c'est quand même exaltant d'imaginer des univers alternatifs n'est ce pas?


Bon, maintenant que les choses sont posées entrons dans le vif du sujet. Le livre n'est pas à proprement parler un roman mais plutôt un recueil de nouvelles qui se suivent dans l'ordre chronologique. Chaque chapitre suivant des personnages différents à des époques différentes (même si pas mal d'entre eux évoluent dans un Far West fantastique). On commence avec l'arrivée des vampires sur la côte ouest à bord d'un navire en 1691 pour finir en 1917, avec l'entrée en guerre des USA en Europe et des vampires qui font le chemin inverse, toujours en bateau (la boucle est bouclée). Entre temps on aura tout traversé, le procès des sorcières de Salem, la Guerre d'Indépendance, la Conquête de l'Ouest avec pour fil rouge le Convoi. Car les vampires, nommés Brookes pour des raisons assez sympas, ne se contentent pas de débarquer et de terroriser les populations, ils agissent comme tous les colons qui ont foulé le sol de l'Amérique, ils voyagent essaient de trouver leur place dans ce vaste pays en pleine construction. Sur leur route, ils croiseront des légendes de l'Ouest (Billy the Kid, les Dalton...) et personnages historiques (Mark Twain, Lincoln, Sarah Winchester) et leur présence change la donne. Ainsi beaucoup de choses sont chamboulées mais hors de question de vous spoiler!


On trouve seize nouvelles en tout, chacune ayant une atmosphère qui lui est propre. Les tonalités sont variées (horreur, aventure...) et donnent un vrai rythme au recueil, un vrai souffle aussi lorsque les choses prennent de l'ampleur. Parler de chacune d'entre elles serait rébarbatif mais il convient de saluer les deux premiers chapitres (Nouveau Monde et Le Jour du Jugement) et d'autres, par-ci par-là (Nuit de Sang, La veuve noire). Le principal point faible du livre reste pour moi Wounded Knee, qui traite du massacre s'étant déroulé dans le lieu du même nom où l'aspect uchronique est quasi absent. Même si elle est fort bien écrite et raconte un des pans les plus sinistres de l'histoire américaine, elle aurait très bien pu être utilisée dans un autre cadre, cela lui aurait sans doute conféré plus de puissance...

Hormis ce petit détail, et bien c'est du tout bon, le postulat de départ est original, la façon dont il est géré et mené au bout montre une grande maîtrise et bien que le livre ait été écrit à quatre mains, la sensation de cohérence est très forte. Une uchronie qui tire son épingle du jeu en évitant certains poncifs et en faisant preuve d'une vraie érudition, chapeau!



dimanche 16 novembre 2014

Les plus grands films que vous ne verrez jamais

 

Titre original:The Greatest Movies You'll Never See
Auteur: Simon Braund
Maison d'édition française: Dunod
Date de publication: 2013 aux USA, 2014 en France.
Nombre de pages: 256

Une histoire des grands films inachevés, jamais tournés, maudits, tombés dans les oubliettes de l'enfer du développement...

Simon Braund est un journaliste anglais vivant à Los Angeles. Il travaillé pour le célèbre magazine de cinéma Empire mais a aussi participé à la rédaction d'autres grands journaux comme l'Observer, le Sunday Times, Q et Time Out.

Le cinéma est un art récent. En a peine deux siècles, il a engendré une somme astronomique d'oeuvres et une vie entière ne suffirait pas à en avoir une vision exhaustive. C'est, pour beaucoup, la forme d'art la plus absolue, alliant musique, arts plastique, théâtre, littérature...pour en faire un tout unique. Dans cette masse au contenu riches d'Histoire(s), certains films sont des fantômes. De véritables légendes qui passent de cinéphiles en cinéphiles, entretenant une aura unique. A tel point que certains finissent par devenir célèbres, ce qui est paradoxal car ils n'ont jamais vus le jour. Superman Lives de Tim Burton, Don Quichotte de Terry Giliam ou encore le Dune d'Alejandro Jodorowsky...ils font partie du paysage pop culturel actuel grâce...à leur absence. Les raisons en sont multiples (problèmes avec les studios, budget, acteurs peu fiables...) les anecdotes sur les tournages et l'élaboration souvent homériques de tels projets ont nourris des générations de fans avides d'informations et ivres de rêves... Ce qui donne à ces vilains petits canards une côte d'amour assez béton auprès des fans. Alors maintenant, imaginez qu'un bonhomme décide un jour de recenser les films inachevés les plus fascinants, les plus méconnus, les plus surprenants et en ait fait un livre! 

Dessin préparatoire de Moebius pour Dune d'Alejandro Jodorowsky
Simon Braund en a sélectionné 50, des années 20 à nos jours et nous raconte les raisons de leur échec, la folie, la passion, le doute qui entourent ces étranges bouts de pellicule. On trouve de tout, vraiment. Suites avortées, remakes foirés, projets tellement tarés qu'on ne se pose pas la question de pourquoi ils n'ont pu arriver à terme. Aux côtés des ''classiques'' susnommés, figurent des choses vraiment surprenantes. Vous saviez que Gladiator devait avoir droit à une suite, tout comme Casablanca (intitulée Brazzaville), oui oui, pourquoi faire des suites de ces deux grands films, j'en sais rien. Que Hayao Miyazaki devait réaliser une version anime de Fifi Brindacier (ça fait baver hein?), l'adaptation sans fin de Halo par Peter Jackson puis Neil Blomkamp ou encore Ridley Scott, 150 projets avortés de Orson Welles (estimation approximative...). Et des fois, on voit des films qui ont muté en cours de route. Par exemple l'angoissant Night Skies qui voit des aliens attaquer une ferme deviendra E.T et ouvrira la porte à Interstellar. Et ça, ce sont les plus petits de la catégorie!! On trouve aussi le monumental Napoléon que Kubrick a tenté de réaliser pendant vingt ans, avec un travail de pré-production et de documentation titanesque.


Quelques affiches choisies
Enfin, je ne vais pas plus loin, histoire de garder un minimum de surprise, mais sachez qu'il y a du beau monde et des visions et idées incroyables dans ce livre. On est par conséquent souvent frustré, même si c'est précisément le caractère inachevé qui rend ces métrages singuliers. Ils restent purs, des fantasmes, des visions, des rêves qui resteront à jamais irréels, et dans une industrie de l'imaginaire comme le cinéma, c'est le summum. Ce n'est donc pas seulement une somme d'anecdotes qui nous est racontée, mais une histoire du cinéma avec un angle d'attaque original. Quoi de mieux que d'étudier ses échecs pour comprendre l'industrie du cinématographique? On apprend énormément de choses sur la carrière d'acteurs et de réalisateurs pourtant fort célèbres et étudiés (Coppola, Tarantino, Leone, Eisenstein...). En lisant ce livre, on se prend à se considérer comme un archéologue qui exumerait quelque vestige.

Le livre est accessible à tous et donc chaudement recommandable tant le style de l'auteur lui permet de traiter de sujets épineux et parfois techniques sans perdre le lecteur. L'ouvrage est richement illustré notamment grâce à un énorme travail de graphistes qui ont crée des affiches imaginaires en tentant compte de l'époque qui font vraiment illusion (on met du temps à réaliser qu'elles ne sont pas réelles). En bref, un vrai travail de recherche qui nous permet d'avoir un regard neuf sur une véritable usine à rêve tout en rendant justice à ces chefs d'oeuvre inaboutis de la plus belle des manières. Un must have pour tous les cinéphiles et les curieux en général.

lundi 10 novembre 2014

Boardwalk Empire


Titre original: Boardwalk Empire the birth, high times and corruption of Atlantic City
Auteur: Nelson Johnson
Maison d'édition française: Florent Massot
Date de publication: 2002 aux USA et 2011 en France
Nombre de pages: 302
L'histoire du lieu de perdition maritime le plus célèbre des Etats-Unis au travers des hommes qui l'ont bâti...

Nelson Johnson est un avocat et écrivain américain. Il a toujours vécu dans le comté d'Atlantic et s'est beaucoup investi dans l'urbanisme de la ville durant la période de construction massive de casinos. Il a toujours voulu comprendre ce qui faisait de ce bout de côte un endroit unique pour en faire une histoire politique objective.

Boardwalk Empire...un nom que l'on associe généralement à l'excellente série HBO crée par Martin Scorcese et produite par Mark Wahlberg. Diffusée à partir de 2010, elle bénéficia d'une excellente réputation, amplement méritée grâce à son formidable casting et sa reconstitution flamboyante des années 20. Prenant place dans l'Atlantic City de la Prohibition, elle nous narre le parcours tortueux de Nucky Thompson, un politicien véreux basculant dans le crime organisé grâce au contexte propice de ces temps troublés. Si vous ne l'avez pas vue, foncez de suite, d'autant qu'elle vient de se terminer en beauté à l'issue d'une splendide cinquième saison. Ce qui est moins connu en revanche, c'est que tout cela est en fait l'adaptation d'un ouvrage historique passionnant, qui a donné son titre à la série.


Boardwalk Empire le livre, donc, est une somme assez riche, basée sur de nombreux entretiens auprès d'habitants et de recherches minutieuses. Fruit de vingt ans de travail, il aborde de nombreuses problématiques et est des plus objectifs, n'hésitant pas à montrer le côté le plus sombre de la métropole océanique... Là où la série ne se focalise que sur certains éléments et périodes précis, le livre embrasse toute l'histoire de la ville et remonte même à avant la fondation officielle de cette dernière. On commence donc par la fin du 18ième siècle, où seul un petit village de pécheurs se tient sur les bords venteux de l'océan. Puis, on se focalise sur l'année 1854, le moment où les habitants arrivent en masse, grâce à une ligne de chemin de fer nouvellement crée. La proximité avec Philadelphie en fait un lieu de villégiature particulièrement attractif pour les ouvriers de la Cité de l'Amour Fraternel. Très vite, la ville se dote de sa fameuse promenade (la plus grande du monde) et d'une solide industrie hôtelière. Mais très vite, des activité moins respectables se développèrent: prostitution, jeu...Dans un premier temps, ce domaine fut la chasse réservée d'hommes d'influence qui s'adonnaient autant à la politique qu'au racket. Smith Johnson, Lewis P Scott et le congressman John J Gardner veillèrent au grain dans un premier temps. Ils enfantèrent ce que l'auteur nomme, à raison, la machine un système particulièrement lucratif qui favorise leur ascension puis leur mainmise sur les postes à responsabilité. 


Puis vint le Commodore. De son vrai nom Lois Kuehnle, il sera le premier boss de la ville. Sous son règne, qui commence en 1890 et se termine en 1913 à la suite d'un scandale, le parti Républicain signera un pacte avec le diable en se finançant grâce à la fameuse machine. Il sera aussi un véritable visionnaire qui fera de la modeste ville une un cité florissante. Mais il est vite rattrapé par ses manigances et sera convaincu de corruption dans une affaire de conflit d'intérêts qui le poussera à se réfugier en Bavière. 

Louis Kuehnle, dit le Commodore

En son absence, c'est à Nucky Johnson (le fils de Smith) de prendre la relève. Et là on touche au coeur de l'ouvrage et de la série. Il utilisera le contexte particulier de la Prohibtion pour faire d'Atlantic Coty un port d'entrée de l'alcool de contrebande. Il fricotera avec de nombreux gangsters (Lucky Luciano, Al Capone, Meyer Lansky...) et incarnera la corruption tout autant qu'une certaine forme de génie politique. Un personnage ambigu si il en est et qui servi d'inspiration à son équivalent fictionnel nommé Thompson dans la série. 

Enoch ''Nucky'' Johnson

La suite est plus connue, la ville connaîtra quelques soubresauts et fera l'objet de nombreuses enquêtes, pour finalement devenir l'équivalent East Coast de Las Vegas. Dans les années 80, les casinos poussent comme des champignons, tout comme les salles de congrès. La ville conserve son statut sulfureux malgré le temps qui passe et finit par attirer un nouvel homme d'affaire véreux en la personne de Donald Trump...Les points communs avec Végas sont d'ailleurs troublants: toutes sont des lieux artificiels, basés sur le divertissement et bâtis par des figures peu recommandables...

Atlantic City de nos jours

On a donc affaire à un travail remarquable, accessible et immersif qui nous donne l'impression de visiter cette étrange cité, remontant sa légendaire promenade au fil des décennies. La ville est clairement le personnage principal et suivre son évolution au fil des visions de ceux qui se sont succédé à sa tête est assez épique par moments. De nombreuses problématiques sont abordées (crime organisé, politique, racisme...). Le divertissement à tout prix, et sa face cachée nous donnent l'impression de traverser l'histoire de la société américaine dans son ensemble. Un complément indispensable à la série et une lecture fascinante pour qui s'intéresse a l'Histoire américaine.

dimanche 26 octobre 2014

Pas de saison pour l'Enfer

Titre original: Liquor, Guns & Ammo
Auteur: Kent Anderson
Maison d'édition française: 13eme Note
Date de publication:1998 aux USA, 2013 en France
Nombre de pages: 330


Un recueil de textes par un auteur aux multiples vies, qui nous les raconte sous forme d'instantanés.

Kent Anderson fait partie de ces gens dont on peut dire qu'ils ont tout vécu. Né en 1945, il grandira en Caroline du Nord. Il s'engage dans la Marine Marchande à 19 ans, histoire de voir le monde. Pacifique, Méditerranée, il voyage pendant deux avant que la guerre du Vietnam n'éclate. Il s'engage alors dans l'US Army. A 23 ans il est sergent dans les Forces Spéciales. Après un service qui le marquera profondément toute sa vie, il retourne à la vie civile dans un état psychologique instable. Il se reconverti dans la police d'abord à Portland, ensuite à Oakland. Il y passera l'essentiel des années 80. Ensuite, il sera brièvement professeur d'anglais à l'université du Montana, où il suivra un cursus d'écriture. Il publiera son premier roman, Sympathy For The Devil, en 1993 suivi de Chiens de la Nuit en 1998. Tous sont des œuvres autobiographiques décrivant son expérience au Vietnam (considéré comme un des plus grands livres écrits sur le sujet) pour la première et ses années dans les forces de l'ordre pour la seconde. Un troisième, Green Sun, est en cours d'écriture.Il a aussi bossé pour Hollywood en écrivant neuf scénarios de films qui n'ont jamais été tournés (trop noirs et radicaux).


Publié sous le titre Liquor, Guns & Ammo aux Etats-Unis, ce livre est donc un recueil de textes très variés, touchant à plusieurs registres mais qui ont pour principal point commun d'être issus de la vie de leur auteur. La version française a été largement remaniée. Il comportait originalement un scénario de plus de cent pages, intitulé Shank, qui serait difficile à traduire de manière satisfaisante voire lisible pour un public français. Pour compenser, de nombreux inédits (une vingtaine) ont été inclus. Et tant mieux!! C'est presque un autre ouvrage qui nous est proposé. Il faut dire qu'Eric Vieljeux (le patron des éditions 13eme Note) a fait le déplacement sur place pour rencontrer Anderson. Alors, qu'en est-il de cet ouvrage? Et bien c'est une des odyssées littéraire les plus fortes que l'on puisse trouver en libraire, à mon humble avis. Le livre est divisé en trois parties: Totems, Vietnam et Loi et Hors-là-loi. Chacune correspond à des thématiques précises, propres à l'auteur. A ce stade, il convient de préciser que son passage au Vietnam a fait d'Anderson une machine à tuer difficilement contrôlable qui doit lutter constamment contre lui-même. La guerre est le seul prisme à travers lequel il envisage le monde qui l'entoure. L'écriture et la nature sont ses bouées de sauvetage, ses obsessions qui lui permettent de préserver une faible étincelle d'humanité au milieu de l'océan de noirceur dans lequel il se débat...


La première partie se focalise sur le nature writing (un style littéraire typiquement américain qui se focalise sur la nature, le monde animal et les rapports que l'Homme entretien avec ses derniers, comme son nom l'indique). Il sera question de corridas, de combat de coqs, de vie paisible aux côtés des chevaux et de chasse au loup en Mongolie. Les défenseurs de la cause animale seront sûrement scandalisés par la crudité de certains de ces textes mais il faut leur reconnaître un aspect particulièrement viscéral et presque épique. D'autant plus que les réminiscences du Vietnam interviennent de manière abrupte. Mention spéciale au combat de coq, assez hardcore. Mais on peut y voir une lecture intéressante sur la nature de l'Homme, bien moins saine que celle des animaux selon Anderson. La chasse au loup pourrait sembler ultra cruelle (l'auteur y prenant part là où il était plus généralement spectateur) mais on parle de la Mongolie, un pays où les loups sont plus nombreux que les hommes, cette chasse prend une dimension rituelle. Un texte sort du lot en narrant le trajet en voiture d'un Anderson complétement borderline et chargé aux amphèts, effrayant.


La deuxième partie, Vietnam, nous raconte donc son expérience militaire, l'avant, l'après et même certaines conséquences sur la société américaine. On y voit ainsi des articles au sujet d'une convention de mercenaires, d'un rassemblement d'extrême-droite (néo-nazis, Kux Klux Klan...) tout autant que des récits centrés sur la guerre qui donne son nom à cette partie du livre, dont des chutes inexploitées de Sympathy. Il y a une large part d'introspection dans ces petits textes, Anderson interroge son rapport à sa propre expérience tout autant qu'il nous questionne sur notre vision des conflits. Les deux premiers textes sur les mercenaires et les activistes d'outre-droite font particulièrement froid dans le dos (on y voit notamment un gamin de douze ans armé et looké comme le Führer). Encore une fois, on s'en prend plein les dents et les conventions et le politiquement correct au sujet de la guerre sont totalement absents.



Nous voici donc dans le dernier tiers de l'ouvrage: Loi et Hors-là-loi. Là encore, divers écrits. Un article sur le fameux rassemblement annuel des bikers à Sturgis (prétexte pour se rendre au cimetière militaire local), une préface à Trips (un livre sur la drogue...) des textes sur sa vie quotidienne de policier et un témoignage de son travail à Hollywood aux côtés de John Milius (réalisateur de Conan le Barbare, scénariste d'Apocalypse Now et Dirty Harry...). Oui, vous avez bien lu...Bref, encore une fois, de la noirceur et de la brutalité, mais le contexte change, les villes et les studios de cinéma remplacent la jungle et les décors naturels et la menace est domestique, omniprésente. C'est du moins l'impression qui s'en dégage.

John Milius sur le tournage de Conan le Barbare (1982)


Il s'agit d'un ouvrage bien plus dense qu'il n'y paraît de prime abord, ses 330 pages étant particulièrement riches en situations extrêmes et en punchlines surréalistes: ''La mort se baladait dans la maison. Par curiosité, c'est tout'', j'y étais de nouveau [au sujet du Vietnam] et je me devais de ramener des histoires.... On y trouvera une écriture exigeante, au service d'une vision honnête, sincère du monde, quitte à en devenir brutale...Car c'est l'objectif de l'auteur qui se présente ainsi: ''Je ne suis qu'un passager parmi d'autres,à la seule différence que moi j'ai les mots pour l'écrire. C'est mon boulot''. Le côté fragmentaire et instantané des textes nous donne l'impression de fair eun tour dans la tête de l'auteur, ce qui rend le livre encore plus prenant et immersif. Un grand livre sur la monstruosité humaine et comment on doit lutter constamment pour s'en préserver.

dimanche 19 octobre 2014

American Desperado


Titre original: American Desperado
Auteurs: Evan Wright, Jon Roberts
Maison d'édition française: 13eme note              
Date de publication: 2011 aux USA, 2013 en France
Nombre de pages: 698


La vie du légendaire Cocaine Cowboy Jon Roberts telle qu'il l'a racontée en interview au tout aussi légendaire reporter Evan Wright.


Evan Wright est un journaliste américain né en 1966. Né de deux parents avocats, il n'en connaît pas moins un adolescence tumultueuse. Il se fera virer du prestigieux lycée où il étudiait pour consommation et vente de cannabis. Suite à cet incident, son père le place dans une maison de correction baptisée The Seed. Il y vivra des heures sombres, les méthodes ''éducatives'' du lieu étant particulièrement brutales (privation de sommeil, menaces de violences physiques et boxe). Après des études universitaires qui le voient sortir avec un diplôme en Histoire Médiévale, il devient chroniqueur pour le magazine de ''charme'' Hustler en 1995. Il en tirera une réflexion intéressante sur la pornographie et la misogynie. A partir de 1996, il commence à s'intéresser aux marginaux de la société américaine: néo-nazis, activistes environnementalistes, le groupe Mötley Crüe, porn stars... En 2009, il les rassemblera dans un recueil baptisé Hella Nation (malheureusement jamais publié en France). Il participe aux premiers mois de l'invasion américaine en Irak en 2002-2003 au sein du 1st Reconnaissance Battalion du Corps des Marines. Il en tirera Generation Kill, son ouvrage le plus connu. Il est à noter que ce dernier sera adapté en mini série par David Simon pour HBO,  sera diffusée en 2008 et obtint un fort succès critique.L'immersion, voire l'infiltration est au coeur de son travail, ce qui ne l'empèche pas d'avoir du recul sur ceux qu'il côtoie. Ce qui nous emmène à notre sujet, les Cocain Cowboys.  Il sera engagé par la Paramount pour écrire le script d'un film sur le sujet alors qu'il travaillait sur le livre qui nous occupe. Peter Berg est pressenti pour le réaliser tandis que Mark Walhberg le produit et souhaiterait figurer au casting. On croise les doigts...


Bon attaquons le vif du sujet! Qui sont donc ces fameux Cocaine Cowboys? Il s'agit d'une équipe de trafiquants rassemblée autour de Jon Roberts qui est connue pour avoir fait venir pour plus de deux millions de dollars de poudre blanche aux USA dans les années 80. Ils sont devenus les représentants américains du cartel de Medellin qui employait Pablo Escobar. Seulement voilà, le livre est la biographie de Jon Roberts et sa vie de gangster est loin de se limiter à cet ''épisode'' qui ne constitue que la fin d'un long et sanglant parcours. Né John (avec un H cette fois) Riccobono en 1948 à New York, il grandit au sein d'une famille de mafieux. Son père est lié à Carlo Gambino, un des plus grands affranchis de New York. Il assiste à son premier meurtre à l'âge de sept ans et s'enfonce rapidement dans un cycle infernal de violence. Très vite, on lui propose de se refaire une virginité en s'engageant dans l'armée. Il servira au Vietnam pendant quatre ans au sein de la mythique 101st Airborne. Il y perpétrera des exactions assez démentielles sur les soldats ennemis. A son retour, il profite son casier judiciaire désormais vierge pour devenir le tenancier de nombre de boîtes de nuit contrôlées par la Mafia de la Grosse Pomme. Il y rencontrera ainsi quelques figures importantes: Richard Pryor, Jimi Hendrix, O.J Simpson, James Caan... A la suite d'un incident, il doit fuir la côte Est et se réfugie à Miami, où il trouvera sa vocation...Il sera arrêté en 1986 et deviendra informateur afin d'alléger sa peine. Entre temps, il a eu un fils, à qui il dédie ce livre pour éviter qu'il n'emprunte le même chemin que lui.

N'y allons pas par quatre chemins, ce livre est une bombe!! Le sujet peut sembler incroyable au vu du bref résumé que j'en ai fait mais on parle d'un pavé de près de 700 pages!! Il comprend soixante dix sept chapitres et chacun d'entre eux constitue un somme d'anecdotes complètement délirante. Jon et son garde du corps catcheur qui fait rebondir les gens en les jetant sur un trottoir, Jon qui devient pote avec le dictateur du Nicaragua fan de très jeunes filles, Jon qui se lance dans les courses hippiques, Jon applaudi pat la foule dans un stade à un match de baseball, j'en passe et des meilleures... On s'en prend plein la tronche du début à la fin.



Pour pouvoir écrire ce livre dans de bonnes conditions, Wright a vécu un temps chez l'intéressé, ce qui donne lieu à des passages savoureux nous dévoilant sa vie quotidienne tarée (bonjour, j'ai des armes et du fric enterrés dans le jardin du voisin ''au cas où'', j'ai un chien qui mange littéralement des chats...). Quelle que soit la partie de sa vie qui est traitée, on est estomaqué de voir que la réalité est bien loin au delà de la fiction. Les excès en tous genres sont légion (sexe, violences et bien sûr, drogues). On a droit à des phrases de la mort du style: ''comme mon père, j'ai toujours crû en la supériorité du mal sur le bien'' ambiance. Le bonhomme est un psychopathe, un vrai, qui ne fait aucun cas de la vie humaine et qui en plus considère cela comme un outil de réussite. Car nous n'avons pas seulement affaire à une série d'anecdotes hallucinantes, non, c'est une réflexion sur l'envers du rêve américain qui nous est donnée...Certains parlent de Moby Dick du crime, et il y a clairement de ça dans cet almanach de la brutalité. La forme adoptée est assez vivante, chapitres courts en forme d'interviews coupés de passages contemporain racontés en prose. A noter que si Roberts est le principal intervenant, d'autres personnes donnent de la voix (associés, policiers, famille, amis...). Pour l'édition française, les nombreuse notes de bas de page ont été intégrées directement dans le texte pour faciliter la lisibilité et ne pas casser l'immersion, un très bonne idée, tant on est pris dans le fil de ce récit complètement bigger than life. Car on est en présence d'une star du crime, de quelqu'un qui a un train de vie luxueux et qui ne s'en cache pas. Il est à l'image du pays qui a accueilli sa famille venue de Sicile: il fait rêver, on le trouve sympathique au premier abord, mais dès qu'on se met à fouiller un peu, on trouve pas mal de sang et de cadavres... Le portrait que l'on fait de Roberts est intéressant, il est contrasté, là où certains l'auraient présenté comme étant le Diable en personne, Wright le laisse parler calmement (ça n'a pas toujours dû être facile) et nous montre un pur produit de la société qui l'a vu naître. Car oui, on ne le répète pas assez, mais toute société a les criminels qu'elle mérite...Ainsi, les hommes politiques et les forces de l'ordre impliqués en prennent pour leur grade (ce qui est assez comique par moments, il est vrai).

Evan Wright a pris son boulot très à coeur...
En conclusion, il s'agit là probablement d'un des plus grands livres jamais écrits sur le crime, sa nature, comment il naît et évolue. Une lecture divertissante et édifiante sans être moralisatrice, à la fois repoussante et parfois drôle. Tout en contraste et attaché à une vision du journalisme que ne renierait pas Hunter S Thompson, Wright nous offre un trip saisissant au cœur du crime organisé. Alors ruez vous dessus si vous avez le cœur bien accroché (si ça vous intéresse, un documentaire sobrement baptisé Cocaine Cowboys est disponible sur Internet...)!!




dimanche 5 octobre 2014

Je ne quitterai pas ce monde en vie



Titre original: I'll Never Get Out Of This World Alive
Auteur: Steve Earle
Maison d'édition française: L'Ecailler
Date de publication: 2011
Nombre de pages: 257


1963: Doc est un médecin défroqué que les errances ont fini par amener à San Antonio, Texas et qui partage sa vie entre fix d'héroïne et avortements clandestins. Il est hanté par le fantôme de Hank Williams, la légende de la country, à qui il a administré une dose létale de morphine dix ans plus tôt. Un jour, une jeune mexicaine débarque dans son ''cabinet'' et bouleverse le cours de son existence.



Steve Earle est un musicien de country/folk/blues qui a commencé sa carrière dans les années 80, avec l'émergence d'une scène country alternative. Né en 1955 à Fort Monroe en Virginie, il connaîtra une existence instable, son adolescence consistant essentiellement à parcourir le Texas en stop pour devenir un musicien reconnu. Il débarque à Nashville en 1974 avec quatre dollars en poche et commence à se faire un nom. Il apprendra l'autodestruction auprès du légendaire Townes Van Zandt. Il écrit et enregistre pour et avec de nombreux artistes, dont les Pogues, et Guy Clark et fini par sortir un premier album solo, Guitar Town, en 1986. Il va enchaîner les succès (Copperhead Road, I Feel Alright) et les mariages (sept à ce jour dont deux fois avec la même femme) tout en s'enfonçant dans la drogue. A tel point qu'il passe les années 1993 et 1994 à errer défoncé dans les rues de Nashville. Il finira par être arrêté pour possession d'héroïne et se fera la belle en Géorgie avant de se rendre, sa peine n'étant que d'un an. Il la purgera en se sevrant sans assistance médicale (ouch) et retourne en studio dès sa sortie de prison. Dès lors, il n'arrêtera jamais d'enregistrer et de tourner et ce jusqu'à nos jours, sortant entre autres les très bons Transcendental Blues et Washington Square Serenade respectivement en 2000 et 2007. Son écriture socialement acerbe et engagée lui vaudront quelques polémiques, notamment son militantisme en faveur du contrôle des armes et contre la peine de mort. Tout cela fera de lui une référence de la musique populaire américaine qui a collaboré avec Tom Morello et Johnny Cash. Il est aussi acteur à ses heures perdues, jouant dans The Wire et Trémé, les deux séries cultes de David Simon. En 2009, il publie un premier livre, Les Roses du Pardon, un recueil de nouvelles mais ne s'arrête pas là et entame immédiatement l'écriture de son premier roman, celui qui nous intéresse aujourd'hui. A noter qu'un album éponyme est sorti la même année et se veut en être la bande-son.





Alors, que penser de ce bref roman écrit par un musicien? et bien ma foi, c'est une œuvre des plus intéressante. Le contexte est assez important, car utilisé de façon inhabituelle. Le début des années soixante est souvent présenté comme une période d'insouciance avec le flower power à son apogée et l'émergence de nouvelles idées de liberté émancipatrices dans les sociétés occidentales. Il n'en est rien ici, le livre prenant place dans un quartier mal famé de San Antonio. En fait, sans les rappels historiques (la visite du couple Kennedy dans la ville puis l'assassinat de John) on pourrait croire que cette histoire nous est contemporaine tant elle respire le marasme et la perdition que l'on rattache aux années 90 avec l'arrivée des drogues dures dans les rues.


On suit donc la trajectoire du mystérieux Doc (dont le nom ne sera dévoilé que très rapidement, sans que cela semble avoir la moindre importance) héroïnomane et accroc à la morphine et qui, pour assouvir ses vices auprès de son dealer Manny, se livre à des opérations et autres traitements médicaux clandestins auprès de la faune locale. Prostitué(e)s, dealers, petites frappes, tout le monde défile dans la pension qu'il loue auprès d'un couple lesbien (vous l'avez pas vue venir celle-là hein!?), que ce soit pour se faire retirer une balle, traiter ses MST ou encore interrompre une grossesse non désirée...On croise donc pas mal de personnages fort peu recommandables qui constituent un petit microcosme détraqué mais fort intéressant. Car là où certains se seraient contentés d'une approche clichée ou sociologique très clinique, Earle en fait des êtres humains tout en contrastes et en ambiguïté. Il éprouve un certain attachement envers ces loosers perdus sur le bord des routes les plus solitaires, ayant lui même été du nombre. Du coup, cette galerie, peu ragoutante au départ, devient très vite attachante et l'on se prend à espérer une issue positive, malgré le titre sans appel. Le langage employé est cru et pourtant, il est souvent le moteur d'une certaine pudeur.


Malgré toute la noirceur qui se dégage de cet univers, l'espoir n'est pas totalement absent, il est même personnifié par le personnage de Graciela. Jeune immigrée clandestine abandonnée par son caïd d'amant entre les sales pattes de ce bon docteur, elle va progressivement s'intégrer à cette communauté malsaine et y apporter une forme de paix et de sérénité. A tel point que l'on finira par croire son nom prédestiné et ses actions miraculeuses...Notamment un prêtre aussi opiniâtre que borderline. Sa relation avec Doc est assez bien amenée et se détache des amourettes conventionnelles.


Mais quid du fantôme dans tout ça? Et bien, il est fort présent, sa relation avec Doc est complexe, intéressante et nous offre de bons moments et des dialogues surréalistes. Si il est assez classique dans son apparence, son rôle dans l'intrigue est plus original et nous offre une vision plutôt personnelle et rafraîchissante des ectoplasmes. Le fait qu'il s'agisse d'Hank Williams rend la chose encore plus intéressante. Véritable légende et grosse influence d'Earle en matière de musique, on peut considérer que son fantôme pèse aussi très lourd dans l'héritage musical américain, notamment sur sa descendance (son fils et son petit-fils devant gérer ce lourd héritage). Il faut dire que sa mort prématurée à l'âge de 29 ans ne l'a pas empêcher de marquer au fer rouge le monde de la country avec ses paroles directes, concises et pleines d'histoires sombres, sordides et souvent bouleversantes. Le tire du livre est d'ailleurs celui d'une de ces chansons. Sa présence n'est pas le seul élément surnaturel qui s'invitera dans cet étrange récit de rédemption, et de survie, mais elle est clairement la plus fascinante car complètement étrange et réellement intrigante de part son traitement.


On est donc ballotés entre des sentiments contradictoires et souvent bouleversés par la profonde humanité qui se dégage du récit, nous montrant l'envers du décor d'une Amérique rutilante, non pas tant pour dénoncer particulièrement (le racisme et l'influence néfaste de religieux complètement détachés de la réalité entre autres) mais plutôt pour raconter une bonne histoire. Les tons et les genres se mêlent subtilement et efficacement, entre drame et fantastique, roman noir et musical, southern gothic et polar. Le final, assez poignant, est à l'image du roman dans son entier, évitant les poncifs, le mélo et le pathos. On serait donc bien en peine de classer ce livre dans une catégorie précise et c'est tant mieux!! Tout juste peut on dire qu'il est à l'image de son auteur, un homme entier mais tout en contrastes...

lundi 29 septembre 2014

Heavy Kingdom: La Tunique de Glace

Heavy Kingdom: La Tunique de Glace: Titre original: The Ice Shirt Auteur: William T. Vollmann Maison d'édition française: Le Cherche Midi Nombre de pages: 680 Une va...

La Tunique de Glace


Titre original: The Ice Shirt
Auteur: William T. Vollmann
Maison d'édition française: Le Cherche Midi
Date de parution: 1990 aux Etats Unis, 2012 en France
Nombre de pages: 680


Une vaste fresque décrivant la découverte de l'Amérique du Nord par les Vikings. Entraînées par des rêves leur présentant une vaste étendue gelée au delà de l'Atlantique, plusieurs générations poursuivront cette quête onirique qui se muera progressivement en cauchemar...


William Vollmann est un drôle de bonhomme. Né en 1959 à Los Angeles, il suit des études littéraires et artistiques avant d'enchaîner les petits boulots. Il économise pendant un long moment puis part pour l'Afghanistan en 1982, en pleine invasion soviétique. Il y partagera le quotidien des mujahidins. Il en fera un livre, publié en 1992 sous le titre An Afghanistan Picture Show, or, How I Saved the World. Cette méthode d'investigation approfondie sera caractéristique de son travail très immersif. A son retour, il tente de reprendre ses études à Berkeley mais n'y reste qu'un an et se met à bosser comme technicien informatique sans avoir la moindre expérience des ordinateurs. En parallèle, il se met à écrire en se cachant dans les bureaux et se nourrissant de ce que les distributeurs automatiques lui fournissent dans les bureaux (autant dire que c'est la grosse dèche). De cette sale période émergera son premier roman You Bright and Risen Angels, publié en 1987. Sa carrière est lancée et il écrit dès lors massivement pour la presse (Harper's Magazine, Playboy, Spin Magazine, Esquire, The New Yorker...). Son œuvre se partagera alors entre fiction et reportages avec une forte importance de ses voyages dans son matériaux de travail. Il est notamment fasciné par la question de la prostitution à qui il consacrera trois ouvrages. Il publiera l'énorme Livre de la Violence en 2004, une œuvre absolument dantesque s'étalant sur plus de 3000 pages et contenant toutes les obsessions et réflexions de l'homme sur ce vaste sujet. Mais ce qui nous occupe ici, c'est son plus grand travail, à ce jour inachevé: Seven Dreams: A Book of North American Landscapes. Un cycle de sept livres se déroulant à des moments clés (quoique bien souvent méconnus ou négligés) de l'Histoire américaine, dressant un portrait brutal d'un continent plein de violence et de sauvagerie. Pour se faire, il se crée un alter ego, William l'Aveugle (oui, comme Homère).Pour l'instant seuls quatre sont publiés: Fathers and Crows (1992), sur les missions jésuites au Canada, Les Fusils (1994), sur l'exploration du passage du Nord-Ouest,  Argall (2001), sur Jamestown et la légende de Pocahontas et bien sûr La Tunique de Glace.



La Tunique de Glace en est le premier tome. Publié en 1990 aux Etats-Unis et en 2012 en France (qui a dit retard de la mort qui tue?) ce livre est une véritable tuerie difficile à classer ou définir. Le terme de roman historique a beau lui être souvent attribué, il est réducteur et inexact. Le livre est à cheval entre plusieurs genres, plusieurs tons. Si il puise ses sources dans d'importantes recherches documentaires, la mythologie n'est pas écartée, elle est même au cœur de l'intrigue. Vollmann nous livre un univers où les dieux nordiques et Inuits existent et jouent un rôle prépondérant dans la trajectoires d'une succession de héros tantôt historiques ( Harald à la Belle Chevelure, Erik le Rouge et sa descendance...) tantôt légendaires. Il lie entre eux des tonnes de textes et de sagas, les Eddas étant une source importante. Et, comme à son habitude, s'est rendu sur les lieux de l'intrigue pour apporter un plus non négligeable. Le résumer est une gageure tant il est dense, riche et long (il comporte des annexes avec une chronologie et des glossaires, c'est dire la richesse du truc). C'est comme si Tolkien, Sam Peckinpah et Wagner s'étaient rencontrés dans une soirée libertine et avaient accouché d'un livre. L'intrigue y est dure et puise dans les origines légendaires des royaumes vikings avec la lignée des Ynglingar (des rois métamorphes se transformant en ours) jusqu'à Freydis Eyriksdottir (la fille d'Erik le Rouge, donc) avec de nombreux détours géographiques; qui nous font aller de la Norvège au Canada en passant par l'Islande; et temporels (du Moyen Age à nos jours) qui nous font découvrir les cultures indigènes du Groenland et de l'Amérique arctique. Il en émane un sentiment de primitivité, de brutalité primordiale. Les descriptions sont impressionnantes de puissance évocatrice, biblique même. On en prend plein la tronche et rien ne nous est épargné, le livre est viscéral à mort et nous laisse parfois pantelants devant une telle force de frappe. On peut difficilement lâcher cet ouvrage pourtant si étrange, plein de citations, de notes de bas de pages et d'autres éléments bibliographiques qui nous montrent à quel point son auteur s'est investi dans son écriture. On y voit des dessins, des cartes, des portraits de personnages, de la main de l'auteur, aux traits noirs comme le charbons, qui renforcent les sentiments suscités par la lecture des textes. Le titre vient de tout un imagerie de la tunique comme métaphore des capacités et ds pouvoirs que l'homme peut obtenir dans cet univers crépusculaire.




Vollmann réussit l'exploit de créer un texte qui a tout d'une œuvre fondatrice, d'un récit mythique alors que ces temps sont révolus depuis longtemps. Il questionne notre rapport à l'Histoire et à la réalité. En endossant la tunique de William l'Aveugle, il reprend l'héritage de multiples conteurs qui ont nourri notre imaginaire et notre vision du monde. Il se pose comme un chroniqueur dont l'aveuglement serait une force qui lui permet de s'aventurer là où personne ne va, car c'est bien là toute l'ambition du bonhomme, explorer des territoires dangereux et effrayants pour nous en ramener quelques fragments.

dimanche 21 septembre 2014

Heavy Kingdom: No Angel

Heavy Kingdom: No Angel: Titre original: No Angel Auteur: Jay Dobyns Date de publication: 2009 Maison d'édition française: 13 Note La maison d'édition 1...

vendredi 19 septembre 2014

No Angel

Titre original: No Angel
Auteur: Jay Dobyns
Date de publication: 2009
Maison d'édition française: 13 Note

La maison d'édition 13ème Note est un OVNI dans le paysage éditorial français. Crée en 2009 à l'initiative de Eric Vieljeux, elle s'est spécialisée dans la littérature américaine (bien qu'elle ait accueilli en son sein des auteurs venus d'autres pays comme Lao Yiwu à qui l'on doit La Chine d'en bas). Mais attention! Pas n'importe quel type de littérature américaine! On parle là de celle qui se cache, qui nous montre l'envers du décor, qui plonge profondément dans les racines culturelles du pays de l'Oncle Sam. Une littérature que l'on pourrait qualifier d'alternative composée de récits de vie souvent incroyables dans les sphères du crime, de la marginalité. Il s'agissait de la seule maison éditant les oeuvres comme celles des Fante (père et fils), du grand Charles Bukowski et de bien d'autre plumes acerbes et pourtant ignorées, malgré leur talent. Vous aurez noté l'emploi du passé...en effet, la belle entreprise pourrait bien cesser tout activité d'ici la fin de l'année, elle a d'ors et déjà stoppé son travail purement éditorial, se contentant du strict minimum, à savoir continuer à rendre son catalogue actuel accessible. La faute à des ventes décevantes (le top étant attribué à un inédit de Bukowski, ce qui était prévisible). Il faut croire que le fait de proposer un catalogue alternatif et innovant n'est pas vraiment un bon choix marketting...mais il ne tient qu'à nous de changer cela!! En effet, indigné par cet état de fait, le chroniqueur YouTube Le Rouquin Bouquine a pris les devants en lançant une initiative toute bête mais qui pourrait s'avérer diablement efficace, pour peu que l'on joue le jeu: acheter un livre de 13ème Note cet été! Quelle meilleure saison pour plonger dans des univers rock n' roll et décalés? Donc, dans le cadre de cette opération, voici ma modeste contribution...


No Angel est un récit autobiographique écrit par Jay Dobyns (avec l'assistance de Nils Johnson-Shelton) et publié en France en 2010. L'édition originale porte le même titre et est sortie un an plus tôt aux Etats-Unis. Il s'agit du récit, à la première personne, d'une mission d'infiltration menée par l'auteur, agent de l'ATF, au sein du chapitre Arizonien du plus célèbre club de motards hors-la-loi, j'ai nommé les Hells Angels. Cette mission s'est étalée de 2001 à 2003 et a nécessité énormément de moyens pour un résultat... mitigé, à tout le moins... Cette opération (baptisée Black Biscuit) et le travail de Dobyns, ont déjà fait l'objet de deux autres ouvrages Angels of Death de Julian Sher et William Marsden; et Running with the Devil de Kerrie Droban, autant le dire tout de suite, il y a pas mal à raconter. Je ne vais pas entrer dans les détails afin de ne spoiler personne, mais on s'embarque dans un voyage au bout de l'Enfer. Le style de Dobyns est particulièrement viscéral et cru, on se croirait dans une vieille fiction hardboiled des 50's. Il est donc des plus approprié à ce milieu si particulier. On y croise un grand nombre de personnages, tous plus dingues les uns que les autres et qui sont connus des amateurs de bikers pour certains... Les descriptions sont ultra efficaces et servent à planter un décor digne d'un film noir avec toutes les connexions entre organisations, l'ambiance lourde qui précède certains actes irrémédiable...bref, on s'immerge à vitesse grand V et les 500 pages filent à toute allure, comme notre héros sur l'asphalte. Le livre est ultra dense et rempli de détails, étant basé sur des rapports circonstanciés (un énorme boulot qui explique la présence du journaliste aux côtés de l'ex-agent fédéral) et pourtant, on a l'impression de lire un roman. Cette sensation est renforcée par le surréalisme effarant de certaines situations (la famille d'accrocs à la méthamphétamine prête à vendre ses enfants, le motard qui a laissé la gangrène emporter sa jambe pour continuer à prendre part à la vie de son club...).Le tout porté par de nombreux morceaux de musique qui sont cités tels quels et qui parfois sont en totale concordance avec les événements (vous pourrez vous faire votre petite playlist de lecture). Bref, un univers qui provoque des frissons et fascine autant qu'il révulse, il est ici question d'une Amérique déshéritée et complètement poussée dans ses retranchements les plus extrêmes (pauvreté, racisme, misogynie...) . Dobyns ne fait, bien sûr, preuve d'aucune complaisance, l'image romantique du rebelle à moto est complètement évacuée dès les premières pages, même si le livre est moins manichéen qu'on pourrait le croire...D'autant qu'il n'est parfois pas tendre avec sa hiérarchie, qui l'a plus ou moins laissé tomber après les procès...Le livre est enrichi d'un glossaire, d'une carte de l'Arizona et de nombreuses notes de bas de page, qui sont aussi utiles que discrètes, pour permettre à tout un chacun de bien saisir les enjeux et la nature du récit qui nous est livré.
Jay Dobyns au travail
Il s'agit de ma première expérience avec cette maison d'édition, elle a tenu toutes ses promesses et bien plus encore...M'intéressant beaucoup au monde des bikers depuis, grâce à la série Sons of Anarchy notamment (qui pourrait être un bon moyen d'approfondir la chose...). Cet ouvrage m'a fait une impression très forte et fait partie de mes expériences de lecture les plus marquantes à ce jour.

La chaîne YouTube du Rouquin: https://www.youtube.com/channel/UC1x30MLyRXrCpwVYPb-5qtA

Le site de 13ème Note: http://www.13enote.com/index.php